Opposabilité de la vente d'un lot au syndicat des copropriétaires (mercredi, 19 février 2014)

Voici un arrêt qui juge que seule la notification d'une mutation opérée selon le formalisme prévu par les dispositions du décret du 17 mars 1967 rend cette mutation opposable au syndicat des copropriétaires :

 

 

"Sur le pourvoi formé par M. Claude, Jacques X..., demeurant ...

 

en cassation d'un arrêt rendu le 27 janvier 1998 par la cour d'appel de Versailles (4e chambre civile), au profit du syndicat des copropriétaires de la Résidence "Les Templiers", à 95120 Ermont, pris en la personne de son syndic, la société Cabinet Carle, dont le siège est ...,

 

défendeur à la cassation ;

 

Le demandeur invoque, à l'appui de son pourvoi, les trois moyens de cassation annexés au présent arrêt ;

 

LA COUR, en l'audience publique du 15 février 2000, où étaient présents : M. Beauvois, président, M. Chemin, conseiller rapporteur, Mlle Fossereau, MM. Villien, Cachelot, Martin, Mme Lardet, conseillers, Mmes Masson-Daum, Fossaert-Sabatier, Boulanger, conseillers référendaires, M. Sodini, avocat général, Mme Berdeaux, greffier de chambre ;

 

Sur le rapport de M. Chemin, conseiller, les observations de la SCP Le Griel, avocat de M. X..., de la SCP Lyon-Caen, Fabiani et Thiriez, avocat du syndicat des copropriétaires de la Résidence "Les Templiers", les conclusions de M. Sodini, avocat général, et après en avoir délibéré conformément à la loi ;

 

Sur le deuxième moyen, ci-après annexé :

 

Attendu qu'ayant relevé que M. X..., qui alléguait que le syndicat des copropriétaires n'ignorait en rien le nom des nouveaux propriétaires du lot à qui il l'avait vendu, ne rapportait pas la preuve d'avoir opéré la notification de la mutation prescrite par l'article 6 du décret du 17 mars 1967, la cour d'appel a, sans violation du principe de la contradiction et sans être tenue de procéder à une recherche que ses constatations rendaient inopérante, légalement justifié sa décision de ce chef en relevant que seule la notification d'une mutation opérée selon le formalisme prévu par les dispositions du décret susmentionné rendait cette mutation opposable au syndicat des copropriétaires ;

 

Sur le troisième moyen, ci-après annexé :

 

Attendu que les deux chefs du dispositif de l'arrêt relatifs au point de départ des intérêts au taux légal sur les condamnations pécuniaires prononcées à l'encontre de M. X... n'étant pas inconciliables, le moyen est sans portée ;

 

Mais sur le premier moyen :

 

Vu l'article 455 du nouveau Code de procédure civile ;

 

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Versailles, 27 janvier 1998), que le syndicat des copropriétaires d'un immeuble a assigné M. X..., propriétaire de lots, en paiement d'une somme de 34 317,65 francs au titre d'un arriéré de charges de copropriété ;

 

Attendu que, pour fixer à ce montant les charges dues par M. X..., arrêtées à la date du 22 mai 1995, sauf à en déduire deux sommes postérieurement réglées par le débiteur, et le condamner à payer en conséquence la somme de 14 665,38 francs, l'arrêt retient, par motifs propres et adoptés, d'une part, que le syndicat justifie des procès-verbaux d'assemblées générales des copropriétaires en date du 26 janvier 1994 et 20 janvier 1995 et du décompte des charges de copropriété dont il ressort un solde débiteur conforme au montant de la demande, d'autre part, que M. X... a effectué un règlement de 19 641,23 francs le 12 juin 1995, et de 6 010,34 francs le 20 novembre 1996 ;

 

Qu'en statuant ainsi, sans répondre aux conclusions de M. X... faisant valoir qu'il convenait de déduire aussi du montant de l'arriéré des charges de copropriété la somme de 7 958 francs correspondant à des frais de recouvrement ainsi que celle correspondant à un règlement effectué le 4 novembre 1996, la cour d'appel n'a pas satisfait aux exigences du texte susvisé ;

 

PAR CES MOTIFS :

 

CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il a condamné M. X... à payer au syndicat la somme de 14 665,38 francs au titre des charges de copropriété dues au premier trimestre 1995, l'arrêt rendu le 27 janvier 1998, entre les parties, par la cour d'appel de Versailles ; remet, en conséquence, quant à ce, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Paris ;

 

Condamne le syndicat des copropriétaires de la Résidence "Les Templiers" aux dépens ;

 

Vu l'article 700 du nouveau Code de procédure civile, rejette la demande du syndicat des copropriétaires de la Résidence "Les Templiers".